Programme JE La poésie et les sons 1et 2 déc 2022

Journée d’étude La poésie et les sons
Date : 1er décembre 2022 après-midi – 2 décembre 2022 matin

La poésie occidentale, longtemps exclusivement dite ou chantée avant d’être écrite et lue silencieusement1 sans cesser cependant d’être présentée oralement, comprend une forme langagière qui côtoie l’image et dialogue avec elle dans une partie conséquente de la création poétique produite de l’Antiquité à nos jours2. Avec les avant-gardes du XXe siècle, en opposition à différents contextes sociopolitiques et en quête de nouveaux langages artistiques, les cinq sens sont particulièrement sollicités par la poésie de même que par les arts plastiques ou sonores et entrent en résonance (Creacionismo, poésie expérimentale portugaise, futurisme italien, poésie phonétique …). Ces recherches créatrices sont balayées par les contextes sociopolitiques de la deuxième moitié du XXe siècle (seconde guerre mondiale, notamment, mais aussi dictatures), et le langage littéraire, qui reflète cette crise, recherche de nouvelles voies / voix (poésie concrète, poésie visuelle, poésie lettriste, poésie sonore…) tout en s’inscrivant dans la continuité des avant-gardes.
La lecture de la poésie visuelle et expérimentale équivaut souvent au décryptage d’un illisible délibéré3. La poésie sonore connaît une approche comparable4, et si elle est audible, de même que la poésie visuelle est visible, sa réalisation lectorale, sa lecture orale, et sa compréhension constituent un vaste champ d’analyse. Comment lit-on, écoute-t-on comprend-t-on la sonorité / les sonorités de la poésie expérimentale sous toutes ses formes ? Comment les sons permettent-ils d’accéder au sens lors de la « lecture » du poème, qu’il soit verbal, sonore ou visuel ? Telles seront, notamment, les questions posées lors de deux demi-journées, les 1er et 2 décembre 2022 à la MSH de Clermont-Ferrand.
À la suite des travaux menés au CELIS (équipe Écritures et Interactions Sociales, axe Intermédialités et interactions sociales), en particulier sur l’expérimentation et la poésie visuelle5, et, avec le Laboratoire de Recherches sur le Langage, sur l’énaction comme mode d’appréhension corporel de la poésie visuelle6, nous proposons, dans ce troisième volet, de réfléchir à la poésie et ses sons, que cette poésie soit verbale, et/ou visuelle, et/ou phonétique, et/ou sonore, qu’elle soit expérimentale ou qu’elle soit une poésie-action ou qu’elle répondre à tout autre forme.
Il s’agira de cerner plus particulièrement la manière dont s’organisent ou se désorganisent les sons du poème, comment ils influent sur sa réception physique, linguistique, intellectuelle et culturelle, sur sa signifiance autant que sur sa signification. On interrogera comment dire / lire / oraliser / écouter la poésie dans le but de l’appréhender, en particulier, selon une approche énactive qui met en évidence « des sensations éprouvées pour établir le sens »7. Les analyses portant sur des corpus de poésie visuelle, phonétique, sonore, concrète, lettriste, plus largement expérimentale, seront les bienvenues, car ces œuvres mettent en jeu une transesthéticité, et dans certains cas une intermédialité fondatrices qui ont une action directe sur l’accès à la sonorité, polymorphe et signifiante, du poème.